La structure des thèmes de Sourate Fatiha
Dans ses travaux d’herméneutiques coranique, Rachid Benzine révèle la structures thématiques de certaines sourates. Il évoque le sujet dans « le Coran expliqué aux jeunes ». Dans « Divine speech » (discours divin) les Américains Nouman Ali Khan et Sharif Randhawa le font de manière géniale sur Sourate al Baqara, la plus longue des sourate du Coran ! Il y a de quoi tomber par terre.
Quant à la sourate le plus populaire, la sourate Fatiha, elle n’échappe pas à la règle. Avec l’obsession ésotérique du chiffre 7, certains la décompose en sept parties. L’affaire se défend. Mais je préfère largement la division de cette sourate en trois : trois verset pour l’ouvrir, trois verset pour le fermer et un verset central. Le tout tient débout à la manière d’un pacte bilatéral et solennel.
Ce pacte de sourate Fatiha que j’ai détaillé dans mon livre est un pacte proposé par le Créateur à Sa création. C’est ainsi que je le vois. Pour cela, Dieu prend d’abord l’initiative de se présenter. Il le fait en trois versets qui disent : Bonjour, je suis Dieu ! Ton Dieu. Et tu es Ma création.
Celui qui récite la Fatiha commence ainsi par exprimer son adhésion à ce préambule autoritaire qui ne laisse aucun échappatoire. Le premier verset répond au Qui propose le pacte. Le troisième verset précise l’échéance (quand) et la raison (pourquoi). Et, entre ces deux, le verset 2 indique la méthode en répondant au Comment. Avec ces réponses, nous sommes fixés en toute connaissance.
En résumé, Dieu informe la Création que c’est Lui notre Seigneur absolu (verset 1) qui met la vie à notre disposition. Il demande que l’on apprenne à aimer (verset 2) et nous donne rendez-vous pour nous rétribuer de nos actions (verset 3). Dans le détail, tout cela dégage un fort parfum d’absolu qui est celui qui fonde le concept de Tawhid. Qu’on le voit comme unité absolue, ou le Tout indivisible.
A un niveau implicite, ces trois verset du Tawhid expriment un premier engagement de Dieu à être dans le rôle du Créateur bienveillant envers Sa Créature. Car tout est offert à l’humain à commencé par la vie qui reste un mystère et tous les éléments matériel pour l’entretenir jusqu’à son terme.
C’est alors que le deuxième volet de la Fatiha intervient en un verset unique, le verset 4 où le fidèle s’engage à deux choses précises : 1- se soumettre à Dieu dans l’adoration 2- se contenter de Dieu dans la conduite de sa vie. L’adoration ne regarde que le fidèle à titre individuel. Mais quant à se contenter de Dieu qui lui est caché, c’est une autre paire de manches. Nous le savons tous.
C’est alors que la troisième partie de la sourate Fatiha devient une doléance. Trois versets de chute sous forme de doléance unique. Ce qui marque une différence avec le « Notre Père », la prière chrétienne où le fidèle demande par exemple « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». il demande le pardon pour les offense et il demande la protection de Dieu contre les tentations etc.
Même si toutes ces demandes sont légitime, la Fatiha a le génie de les synthétiser en une seule et unique demande qui est la meilleure des demandes qui soit : « Guide nous dans le Chemin droit ». A vrai dire, l’humain n’est pas assez malin pour formuler une telle demande. Il la formule ici dans le cadre du pacte qu’il signe. Et le génie, parce qu’il y en a bien un, on le droit à l’Auteur du Pacte.
Comme le pacte est de Dieu et qu’il exprime les besoins de ses signataires, cette guidance n’est pas une demande mais engagement de son Auteur. Ce qui me fait dire que celui qui s’en remet à Dieu, Dieu s’engage à le guider en retour. Celui-là mérite la première locution de Fatiha : Alhamdulillah.